Khern était un enfant inespéré. Après une grossesse difficile qui avait mit au monde une petite fille, et la succession de nombreuses fausses couches, ses parents ne pensaient plus parvenir à avoir d'enfant. Sa naissance fut pour eux un véritable don du ciel. Sa soeur ainée, fut mariée au nouveau Sultan d'une ville voisine tandis que le jeune garçon apprenait ce que deviendrait son rôle à l'avenir.
Bien qu'extrêmement entouré, tant par sa famille que par les domestiques, Khern ne devint pas quelqu'un d'égocentrique, se rendant bien compte, au fil de son précoce apprentissage de la charge de Sultan, que la vie n'était pas aussi facile pour tous, développant plus de compassion que d'orgueil.
L'homme n'en est pas moins déterminé et convaincu, lorsqu'il prend une décision, de la justesse de celle-ci. Il épousa à seize ans la belle Enaörh, de trois ans sa cadette dont il eut trois filles.

Khern a accédé au trône lors de sa dix-neuvième année. Il est depuis un souverain bon et apprécié par son peuple. Malgré son penchant pour les femmes et ses nombreuses amantes, notamment Sezyli Es'shakyl, Dalya Er'ehoudnï et actuellement Shérazane Es'shakyl, il garde une tendresse inaltérable pour la sienne, affection se plaçant bien au delà des simples relations charnelles.

Promise très jeune à Khern, elle ne le vit pour la première fois que bien peu de temps avant leur mariage. La vie de Sultane étant ce qu'elle est, l'adolescente d'alors s'attendait sagement à passer sa vie loin du monde, avec pour seule préoccupation de donner une descendance nombreuse à son mari. Mais rapidement, l'esprit affuté et la capacité d'analyse de sa jeune épouse plurent au Sultan qui s'entretint de plus en plus souvent avec elle quant à la gestion de la ville, jusqu'à paraitre avec elle lors de ses séances de travail. Eanörh trouva là un véritable centre d'intérêt, se passionnant pour de nombreux aspects de la vie dans Ashgabad.
Suite à la naissance difficile de sa benjamine, la jeune femme apprit qu'elle ne pourrait plus avoir d'enfants et qu'il lui serait donc impossible de donner un fils à Khern. Pour lui éviter tout scandale, et tenant à garder auprès de lui cette femme sur qui il avait apprit à compter et pour qui il avait une réelle affection, le Sultan la plaça au Conseil, en dépit des protestations que cette décision souleva. Elle y siège toujours, s'élevant bien souvent contre certaines décisions qui porteraient préjudices à la population de la ville, devenant ainsi aussi aimée que son époux, si ce n'est plus.

Née quelques minutes avant sa soeur, Lehïna ne s'est pourtant jamais véritablement considérée comme étant l'ainée des deux. Au contraire, Estraïd a toujours été la plus posée et la plus raisonnable des deux, Lehïna étant beaucoup plus.. Explosive. Cette dernière, débordante de vie et d'affection, est beaucoup plus ouverte et amicale que sa soeur. Elle sait rester calme et douce, sage comme une image, enfant modèle et respecté, mais si quelqu'un vient à la contredire et qu'elle se sent insultée ou menacée, elle prend rapidement la mouche et se met en colère, brisant ainsi cette image et se révélant une véritable peste.
Depuis toute jeune, elle s'intéresse beaucoup aux arts, à tout les tableaux et sculptures qui peuvent circuler au palais, et n'importe quelle conversation sur le sujet l'attire. De temps en temps, on peut la prendre à peindre sur une terrasse, dans un couloir, ou même en dehors de la ville. Elle apprécie aussi la flute traversière, et nombre sont ceux qui affirment, sans vouloir la flatter, qu'elle joue réellement bien.

Fascinée par les sciences nouvelles depuis son plus jeune âge, Estraïd diffère grandement de sa soeur jumelle, tant par son caractère que par ses centres d'intérêts. Elle-même désire en effet entrer à l'Académie dès que possible afin de perfectionner ses connaissances déjà acquises dans les bibliothèques du palais. Elle préfère de loin ces heures passées seule avec des livres que celles où elle doit paraître en tant que membre de la famille du Sultan.
L'adolescente n'est pas incapable de se montrer sociable pour autant et peut, dans ses bons jours, se montrer une compagne très agréable, bien qu'elle n'ait aucun gout pour les jeux de cours et autres séances de commérages dans lesquelles se complaisent les jeunes nobles de son âge.
Il est par ailleurs rare de parvenir à la mettre en colère, Estraïd se révélant aussi pondérée que Lehïna peut être emportée. A dire vrai, seuls de petits détails peuvent réellement l'énerver, la jeune fille étant d'une maniaquerie sans pareille.

Naître cinq ans après deux jumelles habituées à être traitées en princesses n'est pas chose facile, Evanï en fait l'expérience chaque jour. La petite peine à se faire une place entre ces deux grandes soeurs pas forcément tendres avec elle. Si Estraïd se révèle toujours gentille avec elles lorsqu'elles sont seules, elle subit constamment les remarques désobligeantes de Lehïna. Peu à peu, elle s'est renfermée sur elle, essayant de se montrer plus sûre d'elle, tentant de tenir tête à son ainée. En dehors de ces quelques moments de rébellion, Evanï reste très timide, très solitaire, préférant ne donner aucune possibilité à sa soeur de la brimer davantage.