Certains disent qu'il faut être riche pour être beau. Que ce n'est qu'en trichant que l'on peut être désirable. Cependant, il existe des exceptions à la règle. Lamya en est une. Née de la famille qu'on pourrait sans peine dire la plus pauvre de la ville, elle possède pourtant une grâce et une beauté naturelle, sauvage. Elle n'a nul besoin d'artifice pour paraître belle, et énormément de femmes en sont jalouses. Cependant, sa beauté, pour elle, ce n'est qu'un simple moyen pour parvenir à sauver sa famille.

A dix-sept ans seulement, elle a été forcée de comprendre que sans son aide et celle de son frère Dalil, leur famille ne survivrait pas, simplement et purement, par manque d'argent. D'abord, elle a commencé par mendier. Puis elle a tenté d'apprendre à jouer de multiples instruments de musiques qu'elle se confectionna dans des bout de bois et de ficelles trouvés dans les rues. Mais cela ne suffisait pas. C'est ainsi qu'à dix-huit ans tout peine, elle accéda à une triste proposition. Son corps contre de l'argent.

Bientôt, elle du se résigner à cet état de fait. La seule façon de rassembler suffisamment d'argent pour survivre, dans sa condition, c'était celle là. Ses clients la répugnaient et elle se prit souvent à vomir après avoir accomplit sa tâche, de laquelle elle ne tirait aucun plaisir. Son frère voulut la convaincre de faire comme lui, de s'engager dans les rangs des voleurs, mais elle se disputa avec lui. Elle n'appréciait pas cette façon de faire. Ce n'était pas parce qu'ils souffraient qu'ils devaient faire souffrir d'autres familles en dérobant leurs biens. Ils devaient s'en sortir par leurs propres moyens, sans nuire à d'autres. C'était son code d'honneur, et ça l'est toujours aujourd'hui.

Dalil avait treize ans lorsqu'il chercha pour la première fois un moyen de gagner de l'argent pour sa famille. Il pratiqua rapidement le vol à l'étalage, le décrochage de bijoux, le délestage de poche et la méthode de survie essentielle à ces activité : la fuite. C'était un indépendant. Il travaillait seul et réussissait seul. Leste et agile, il n'avait son pareil pour prendre les biens des gens qui voulaient les garder. De nombreuses fois, il manqua de se faire attraper par des gardes, mais il leur échappa toujours, connaissant son quartier et celui du marché comme sa poche.

Un jour cependant, il tomba sur plus malin que lui. Il avait alors quinze ans, et était passé maître dans l'art du Vol. Cependant, il avait essayé de voler meilleur que lui. L'homme, bien plus grand et plus fort que lui, bloqua le poignet du petit voleur dans sa poche et lui intima l'ordre de le suivre. Le jeune voleur le suivit sans résister au début, mais rapidement, dès qu'il trouva un échappatoire, il tenta la fuite. Ce fut un échec.

On lui apprit que les voleurs, à Ashgabad, ne pouvaient pas faire cavaliers seuls. Ici bas, il fallait être au service du Roi ou mourir. Dalil opta pour la première option. A compter de ce jour, il fit partie intégrante de la Cour des Ombres. Un de ses amis lui expliqua qu'avoir vécu deux ans en tant que voleur sans se faire remarquer était un exploit et il en fut fier. Il apprit rapidement beaucoup de choses, de techniques et de défenses au sein de cette nouvelle communauté.

Très tôt, il rencontra le Prince des Voleurs et intégra sa bande. Les deux jeunes gens s'entendaient bien. Si Dalil était prêt à voler pour aider sa famille, il avait cependant trop de sens de l'honneur pour demander à Serhan de l'argent. Et cela plut beaucoup à ce dernier, qui connaissait sa situation. Il finit même par lui en proposer lui-même, une fois, et le jeune garçon, après une courte hésitation, accepta avec un remerciement honteux mais sincère. Depuis, les deux jeunes gens restent très liés et s'apprécient l'un l'autre pour ce qu'ils sont.